Samedi 22 février, le carnaval de Biarritz renaissait sous l’impulsion de la mairie et avec le concours de nombreuses associations, après dix années d’absence.
Entretien avec Mme Anne Pinatel, déléguée à la culture de la ville de Biarritz
Pourquoi relancer un carnaval en 2025 ?
Le carnaval avait disparu depuis dix ans, sans doute en raison de la disparition d’un certain nombre d’associations qui portaient le projet, d’une transition générationnelle, et peut-être d’une moindre motivation de nos prédécesseurs. Ce carnaval c’est une célébration de nos racines et il nous manquait.
Il a pu renaître grâce à la rencontre de plusieurs souhaits : celui du maire, et celui de différentes associations biarrotes : le gaztetxe de Biarritz (maison des jeunes), Festilassai, le Ttipitto Banda, la compagnie Maritzuli et beaucoup d’autres. Le service de la langue basque de Biarritz a par ailleurs joué un rôle majeur de coordinateur tout au long du processus .
Pour le maire, qui avait connu le carnaval dans son enfance, c’était un moment festif où toutes les générations se retrouvaient, ainsi que tous les milieux sociaux. Cela avait un côté très fédérateur et nous regrettions qu’il ait disparu.
Notre politique en faveur de la revitalisation de la langue et de la culture basques appuie des événements qui font vivre la langue et la tradition basque afin que cette culture ne se perde pas. Relancer le carnaval relève aussi de cette mission, que l’on pourrait presque qualifier de mission de service public, ou en tout cas de mission patrimoniale.
Comment les habitants ont-ils reçu l’annonce de la renaissance du carnaval ?
Nous avons été étonnés par le monde présent alors que ce n’était que la première édition.
L’exposition en mairie des costumes du carnaval présentée par la Compagnie Maritzuli a attiré 450 visiteurs sur trois semaines et environ 700 personnes se sont regroupées devant la mairie pour assister au réveil de l’ours puis pour suivre le cortège.
Ce carnaval est un petit peu comme une grande fête de famille. On y trouve à la fois un aspect patrimonial et puis ce côté fédérateur qui est important pour nous. Nous sommes tous réunis autour de la célébration d’un moment festif puisqu’au Pays Basque en général tout se termine toujours de façon festive !
Quel était le programme de ce carnaval 2025 ?
Le carnaval est associé au thème de la lumière et de la fin de l’hiver. Déjà dès avant Noël, le personnage de Olentzero le charbonnier descend de sa montagne pour apporter la lumière qui réconforte. Avec la Sainte-Agathe, la lumière est également présente, et le cycle se termine avec le carnaval et le réveil de l’ours : la lumière est suffisante pour faire sortir l’ours de son hibernation. Ce sont toutes des fêtes qui ont pour thème principal le partage de la lumière.
Le jour du carnaval, le réveil de l’ours marque le début des festivités, suivi des danses et du défilé. Cette année, le Gaztetxe avait réalisé un char représentant une baleine, symbole de Biarritz, qui était déjà présent dans les défilés un siècle auparavant. Le carnaval se termine avec la crémation de Zanpantzar, signe du passage à une nouvelle ère.
Les costumes basques ont été particulièrement mis à l’honneur à travers une exposition visible à la mairie. Nous avons monté un projet pédagogique auprès des élèves, qui sont notamment venus visiter l’exposition, puis ont reçu dans leur école un conteur leur narrant les légendes basques, et ont pu repartir dans leurs familles avec un petit livret explicatif.
Quelles sont selon-vous les clés du succès de la renaissance de ce carnaval ?
Je pense que chaque territoire a des traditions : il faut partir de ça. Il faut ensuite une envie de travailler ensemble, de réunir différents acteurs. Il faut enfin une volonté politique.
Le contexte était également favorable pour nous : il y a une dynamique locale de défense de notre patrimoine culturel et la ville est engagée dans une politique de valorisation de ses racines. Les carnavals dans les villes autour de Biarritz se portent bien et rayonnent également. Une volonté de renouer avec le carnaval traditionnel dans le respect de ses codes et de ses rituels s’exprime dans de nombreuses communes basques.
Nous avons la chance d’avoir une identité forte et nous faisons tout pour la préserver. Le Pays basque est un pays accueillant, fier de sa culture, de ses racines; il n’est pas question que tout cela disparaisse. Il est absolument indispensable de protéger les traditions et de les faire vivre. Il faut qu’elles soient vécues, intériorisées, comme la langue qui doit être parlée, sans quoi nous verserons dans le folklore ou dans la carte postale.
